L'électeur a choisi, il appartient maintenant aux partis de former des gouvernements. Nous ignorons encore combien de temps cela prendra et quelle en est sera la configuration exacte. Même s’ils sont contrastés à certains niveaux, les résultats ainsi que la manière dont la campagne s’est déroulée peuvent déjà nous livrer des enseignements importants.
Au lendemain du scrutin, l’heure est au bilan. C’est un fait : la Belgique et l’Europe glissent à droite et il faut s’attendre à un programme socio-économique dur. Nous craignions un raz-de-marée brun. Ce n’est finalement pas le déferlement redouté mais néanmoins, l’extrême droite reste bel et bien présente dans notre paysage politique et progresse… L’heure est grave et les voix progressistes qui arriveraient à trouver le chemin du pouvoir pourraient être sous une extrême pression. Nous savons que nous sommes cernés par d’urgents défis sociaux et climatiques, qui nécessitent des mesures de grande envergure, tout cela dans un contexte européen d’austérité dure.
Plus que jamais, nous avons un rôle à jouer
Nous entamons aujourd’hui un marathon : celui de la résistance. Quels que soient les gouvernements formés, nos lignes rouges sont et resteront :
- Une amélioration du pouvoir d’achat, une libre négociation des salaires
- Une réforme fiscale, donc une fiscalité plus juste, qui donne de l’air au bas salaires et moyens salaires
- une préservation des mécanismes d’indexation automatique des salaires brut et des allocations sociales
- La préservation d’une sécurité sociale forte et fédérale
- Des emplois de qualité
- Le respect de la concertation sociale
Nous avons un travail de longue haleine à faire pour réconcilier les électeurs avec les valeurs de solidarité et à faire en sorte que ceux qui n’ont pas été convaincus hier par la gauche le soient d’ici 5 ans. Nous avons là un rôle essentiel à jouer : celui de remettre sans cesse sur la table les thèmes sociaux et climatiques, celui de détricoter les arguments et les mécanismes de la droite, celui de faire de l’éducation permanente pour faire comprendre les enjeux cachés et les priorités à mettre en œuvre.
Montrer le fossé entre les paroles et les actes
Les moyens utilisés par la droite tout au long de la campagne de propagande nous livrent également un éclairage intéressant. Qu’est-ce qui a pris le pas et séduit certains électeurs ? C’est le fait de s’étaler sur les réseaux sociaux à coups de grosses déclarations, d’utiliser des slogans qui font mouche, du populisme de bas étage. Encore faut-il que ces grandes déclarations soient applicables. La réalité est bien plus complexe. Nous serons là dès demain pour confronter ces mêmes politiciens avec les non-sens de leurs discours, pour décrypter leurs actes et remettre tout cela en perspective. C’est cela aussi entrer en résistance.
Rappeler et rappeler encore nos lignes rouges
Plus de pouvoir d’achat
De nombreuses personnes ont de plus en plus de mal à nouer les deux bouts. 90% des allocations sociales minimales sont inférieures au seuil de pauvreté. Mais les travailleurs ont eux aussi souvent du mal à boucler les fins de mois
Pour ce faire, la loi sur la norme salariale doit être réformée afin de rétablir un lien entre les salaires et la croissance de la productivité. Ainsi, les négociations salariales pourront à nouveau être libres. Le salaire minimum brut doit quant à lui passer à € 2.300 par mois et la pension minimum doit être d'au moins € 1.500 nets.
Il ne peut être question d’une adaptation de l’index automatique. L’indexation des salaires et des allocations sociales protège notre pouvoir d’achat. Il s'agit d'une adaptation à l'inflation. Les prix des biens et des services augmentent ? Il en va alors de même des salaires et des allocations. De cette façon, chaque mois, vous pouvez continuer à acheter à peu près la même chose avec votre salaire. Cela garantit la stabilité, la paix sociale et une évolution équitable des salaires. Pas touche à l’index !
Enfin, le SETCa lutte également pour des services publics forts, car il s'agit d'une forme solidaire de pouvoir d'achat.
Une fiscalité équitable
Les épaules les plus fortes doivent porter les charges les plus lourdes. Il faut pour cela un revirement fiscal. Les revenus doivent être imposés de manière globale et progressive, mais il faut aussi un impôt sur la fortune, une taxation des plus-values et un impôt minimum pour les sociétés.
Une sécurité sociale fédérale forte
La sécurité sociale est un système fédéral, intergénérationnel de solidarité garantie. Elle veille à une redistribution des richesses et vous assure contre certains risques sociaux. L’objectif est d’offrir à chacun une assurance qui garantit un taux de remplacement le plus élevé possible de vos revenus du travail. La sécurité sociale assure donc un revenu de remplacement en cas de perte de salaire, elle offre un complément à votre revenu lorsque vous avez certains frais (par ex. maladie ou un enfant) ou elle remplace votre revenu si vous êtes involontairement sans emploi. Tôt ou tard, chacun y sera confronté.
Notre sécurité sociale n'est malheureusement pas parfaite. Trop de personnes sont encore mises de côté à l’heure actuelle. C’est pourquoi les minima sociaux doivent être portés à 10% au-dessus du seuil de pauvreté. Il faut également revenir à l'âge de la retraite de 65 ans.
Pour garantir la solidarité de ce système, la sécurité sociale doit rester fédérale, nous voulons un financement fort et garanti.
Des emplois faisables dans une économie plus durable
Le travail a été un thème majeur de la campagne électorale. Presque tous les partis s’accordaient à dire qu'il faut augmenter le nombre de travailleurs. Le travail reste évidemment la meilleure protection contre la pauvreté. Les partis de droite aiment à prétendre que recevoir des allocations de chômage ou de maladie équivaut à gagner le gros lot. Ils plaident dès lors pour une limitation des allocations de chômage dans le temps. La recherche internationale n’a de cesse de confirmer que cette mesure n'aide pas les gens à trouver plus rapidement un emploi. De plus, vous et votre employeur avez payé des cotisations sociales tout au long de votre carrière pour compenser une éventuelle perte de revenus. Une étude de l'université d'Anvers a d’ailleurs aussi révélé que la différence entre le fait de travailler ou de ne pas travailler s’élève à 500 euros ou plus dans de nombreux cas.
La création d'emplois est dès lors une de nos priorités, mais il doit s'agir d'emplois de qualité. Le prochain gouvernement devra veiller à instaurer un cadre législatif permettant, en fonction des réalités sectorielles, de négocier la mise en place d’une réduction collective du temps de travail avec maintien de la rémunération. Nous disons donc non aux statuts précaires comme les flexi-jobs.
Des emplois faisables, cela signifie également permettre aux travailleurs âgés de terminer leur carrière en douceur. Cela passe par des emplois de fin de carrière accessibles dès 55 ans.
Il faut aussi en finir avec la politique d’austérité. Il faut une politique d’investissements solide axée sur une transition juste vers une économie bas carbone, des investissements sociaux et des services publics forts.
Renforcer la concertation sociale
Les employeurs et les partis de droite ont fait des libertés syndicales et de l'exercice du droit de grève leurs cibles privilégiées. Il suffit de penser au sabotage des piquets de grève chez Delhaize. Nos droits fondamentaux ne peuvent être remis en cause. La concertation sociale doit être protégée et même renforcée en prévoyant aussi une représentation syndicale dans les PME.
Non à l'individualisme et à l'intolérance
Le mouvement socialiste et progressiste plaide pour un modèle sociétal basé sur des valeurs socialistes et sur la solidarité. Nous voulons combattre l’exclusion, le chômage, l’insécurité financière et le manque de logements. Dans la Belgique de demain, il doit y avoir de la place pour la justice, la démocratie et la solidarité. Nous opposons des réponses collectives et solidaires à l’individualisme et au repli sur soi.
Quel que soit le type de gouvernement que nous aurons, nous veillerons à ce que ces lignes rouges ne soient pas franchies et que nos valeurs soient respectées. Nous continuerons à lutter pour préserver et étendre nos droits. Nous ne lâcherons rien. Nous sommes prêts. C’est un marathon de résistance qui commence aujourd’hui.